Il y a plus de 2 ans je vous écrivais ou plutôt je vous annonçais ici mon projet de chirurgie bariatrique. Moi qui pensais à l’époque que tout irait très vite mais c’est bien connu on ne fait pas toujours ce que l’on souhaite.
1 an de suivi, mon opération était programmé pour août 2018 … et puis la Maman de mon Amoureux est décédé brutalement. Des images qui restent 2 ans après gravés en tête.
Il m’était impossible d’imposer à mes filles, à mon mari leur mère, sa femme à l’hôpital avec ce que nous venions d’endurer. Nous avons vu longtemps l’hôpital comme un endroit où nous y mourions … J’ai laissé passé un an, histoire de me sentir prête. L’opération n’est vraiment pas un acte anodin et il faut vraiment vraiment être prêt pour sauter le pas. Sauf que … j’ai appris après qu’après l’accord de la sécurité sociale il y a un délais de 6 mois pour se faire opérer. Au delà il faut recommencer tout le protocole de suivi. Et c’est ce qui m’est arrivé …
J’aurais pu laisser tomber, j’aurais pu me décourager mais tous ces mois passés n’ont fait que renforcer mon envie, mon besoin de me faire opérer. Je m’étais battue pour faire tous mes examens, mes suivis. J’ai rappelé le secrétariat de mon chirurgien qui entre temps était parti en retraite. Décidément je recommençais vraiment tout du début. Nouvelle chir, une femme – jeune et dynamique. Un peu brut de décoffrage mais qui au moins ne me vend pas du rêve.
Cette opération n’est pas une baguette magique. C’est un tremplin, une chance à saisir qui comporte aussi des risques : hémorragies, fistules, dénutrition, carences … Mais rien à nouveau ne pouvait m’arrêter. J’étais prête !!!
Sauf peut être un truc ce foutu COVID (moi je n’aime pas l’appeler la COVID) qui forcément à stopper mon suivi au printemps. Heureusement en mai lors du deconfinement j’ai pu retourner voir ma chir qui m’a annoncé envoyer mon dossier en commission. Une équipe pluridisciplinaire qui étudie votre dossier (j’avais même rajouté une petite lettre de motivation pour expliquer ma non opération en août 2018) Je pensais que ça serait super long pour avoir une réponse et puis finalement je reçois un mail au bout d’a peine 1 semaine sur mon espace Ameli.
J’ai chaud, les mains moites, le cardio à 1000 à l’heure. Je lis « acte avec des chiffres des lettres » avons émis un avis favorable. Google est mon ami est me dit que ce code signifie opération bariatrique. J’ai peur de mal comprendre, de m’enflammer comme lorsqu’on reçoit ses résultats scolaires. C’est sûre ? C’est vraiment sûre ! J’appelle la secrétaire, je suis euphorique ! Elle me rappellera quelques jours après pour m’annoncer la fameuse date :
15/09/2020 jour de la fête de ma cadette – joli signe !
Il faut tout préparer, très vite ma valise est prête dans le dressing. Je prends quelques petits + pour me sentir comme à la maison. – un coussin d’allaitement pour se caler – un brumisateur pour la bouche sèche au réveil – une rallonge électrique pour le téléphone – mes doudous, les petits mots de ma famille – mes amis – un joli plaid – une guirlande multicolore à piles
Un mois s’écoule entre l’annonce de la date et l’opération. Je me trouve plutôt sereine malgré quelques petites poussées de stress de temps en temps. Je réalise gentiment que j’arrive au bout de ma 1ere étape : la préparation.
Mais ce COVID me prive, me bouffe de ces derniers jours. Je fais le test PCR (le fameux coton tige dans le pif) le vendredi. Je m’en fais une montagne, je suis dans ma voiture et je ne veux pas descendre. Je prends mon courage à 2 mains et go attendre mon tour où un vieux machin viendra me postillonner dessus en me demandant des renseignements. Dans ma tête je me dis : « je viens je suis négative et si ça se trouve en 2 min il va me l’avoir refiler ! » Je suis tendue comme une arbalète !
Voilà mon tour, nous sommes dans un garage (?) une chaise en plastique – je pose mes fesses, je respire un dernier grand coup et je me laisse faire … Hum c’est juste ça ? Ouf, vraiment rien de méchant ! Ce qui me stresse le plus c’est ce que le l’employé du laboratoire va m’annoncer : « – Pas sûre du tout que vous ailliez vos résultats mardi ! Nous sommes débordés ! – OK d’accord je veux bien l’entendre mais je dois savoir lundi j’entre à la clinique. – Vous pourrez entrer à la clinique lundi mais si vous êtes positive vous ne serez pas opérée mardi. – Je peux quand même regarder des demain en ligne s’il y a les résultats ? – Si cela vous fait plaisir … » Comment vous dire que c’est attente a été interminable.
Je faisais bonne figurine mais vraiment jusqu’au bout du bout j’ai eu peur. Et si j’étais asymptomatique ?
Samedi soir, un grand Ouf de soulagement : NEGATIVE !!! Cette fois c’est bon je peux enfin boucler ma valise, regarder si mon dossier est complet. Un dernier bain le dimanche, je ne dormirais pas trop mal finalement.
Le lundi je suis attendue à la clinique à 16h30. Mon amoureux m’accompagne mais c’est moi qui conduit car il a bossé le matin et que nous avons 1h de route. Et là j’ai la vraie montée de stress. Je passe presque une heure à pleurer. On parle de nos angoisses, de notre couple à l’épreuve de la sleeve, de ma peur de ne pas me réveiller, des complications.
La veille j’ai écris mes directives anticipées en lui disant mais si je meurs je ne sais même pas ce que je veux. Dons d’organes ok. Incinérée mais pour aller où ? A part Disneyland Paris ? Je rigolais à peine en disant ça. Enterrée avec mes grands parents mais trop loin de la maison si les filles veulent venir sur ma tombe. Bref ce n’était pas jouasse dans la voiture !!!
Arrivés à la clinique je sèche mes larmes et la pression retombe. Je découvre ma chambre. Ma blouse pyjama et mon flacon de Betadine m’attendent déjà. Une petite prise de sang, prise de tension, check de dossier. On prend les dernières photos de face, de profil, de dos ! Mon amoureux rentre à la maison retrouver. J’en profite pour m’installer et sortir tout mon petit bazar qui … Aura le mérite de faire rire toute l’équipe même la chir !!! J’ouvre le cadeau de mon Piou : un cahier regroupant tous les petits mots de nos proches qu’elle a recueilli elle même et à nouveau ce sont les chutes du Niagara. Trop d’émotion décidement ! Je suis toute seule dans ma chambre mais je reçois tellement de petits mots adorables qui me boostent et me rendent fière. Je suis là j’y suis, ce sont mes dernières heures dans ma vie d’avant. La fille pas très belle mais sympa, la rigolote.
Est ce que je vais enfin faire la paix avec ce corps ?
La chir passe me voir en fin de soirée en m’annonçant que je passerais au bloc en début d’après midi. Moi qui rêvais de passer des 7h30 c’est râpé ! Je me pose devant l’amour est dans le pré avec la 1ere douche à la betadine à la pub ahah ! Ce que je déteste l’odeur et l’effet paille sur les cheveux … mais pas le choix !!! On frotte, on frotte en insistant bien derrière les oreilles et ce n’est pas moi qui le dis !
Dernier repas du condamné lol

Un petit dodo et un réveil en fanfare vers 6h00 pour le check up ! 2eme douche à la betadine, passage de l’équipe qui m’annoncera passage au bloc à 12h40.

Une infirmière spécialisée dans la prise en charge de la douleur entre dans la chambre et me propose un massage du visage. Le pied !!! Je suis détendue c’est très étrange. Elle repassera 2 autres pendant mon hospitalisation, une jolie vraie rencontre. La seule personne avec qui je m’autoriserais à craquer et pleurer.
Je regarde la TV, mon portable, je fais des stories en mode blagounette et puis ça toc …
Ça y est, on vient me chercher – c’est mon tour pour de vrai !
J’ai peur ça y est ! Je descends au bloc à pied avec mon dossier sous le bras. Pas de brancard, pas de fauteuil roulant. On me fait patienter dans une salle d’attente entre les différents blocs. Moment très étrange j’entends tout, des bruits d’instruments et en même temps je ne vois rien – Myopie pas de lunettes au bloc. Je n’aime pas cette impression. Une infirmière vient me chercher et je lui demande si je peux partir en courant. Elle me dit qu’il est encore temps. Je lui réponds quand même que ce serait finalement dommage de ne pas aller jusqu’au bout.
Je prends place sur cette magnifique table d’opération en presque position gynécologique. Euh les gars je viens pour une sleeve pas pour une ligature des trompes hein !!! C’est étrange donc les jambes écartées, la chirg assise entre mes jambes et la table sera ensuite relevée pour me retrouver dans une position semi assise. En attendant il faut me poser le cathé … ils s’y reprennent à plusieurs et plusieurs fois. J’ai du mal à me détendre.
Une infirmière au loin dans le bloc allume une enceinte et me propose si je veux écouter quelques choses de particulier. Je demande si elle a du Juju Doré of course ! Je finirais finalement m’endormir sur Barracuda II qui désormais à chaque écoute me file des frissons de dingue.
J’ai perdu la notion – Je me réveille – je revois l’anesthésiste assis sur un brancard à côté de moi. Je me souviens lui avoir dis 2 filles et 2 âges (ai je donné les bons ? Aucune idée) je somnole, je vois la forme de la pendule au loin mais toujours impossible de lire l’heure. J’ai extrêmement mal dans le dos, presque plus que dans le ventre. Je le dis à l’infirmière qui me dit d’évaluer ma douleur. J’ai vraiment très très mal. J’insiste mais elle me dit qu’elle m’a déjà donné de la morphine qu’elle ne peux pas m’en redonner plus. L’attente est pour moi interminable. Je ne suis pas bien au bloc les bips bips m’agressent, m’angoissent. J’ai les bottes de contention qui gonflent – dégonflent toutes les 5 mins à tour de rôle. J’entends un petit garçon en train d’être extubé. Je me dis que Ouf je n’ai pas ressenti ce moment, pas de douleurs ça gratouille juste dans la gorge.
Je suis de plus en plus mal, j’essaie de bouger un peu pour enlever cette sensation d’écrasement, de pincement dans mon dos à gauche. Elle me débranche enfin ! Je n’ai jamais été aussi contente de partir d’une salle de réveil. J’en garde vraiment un très mauvais souvenir.
J’arrive dans ma chambre et l’infirmière qui me prend en charge pour remettre ma surveillance me demande si j’ai un mari angoissé car c’est la 3eme fois qu’il appelle le service. Il est 18h je crois.
La chir passe et me dit que l’opération s’est très bien passée, qu’il n’y a pas eu de complications. Elle regarde mes pansements qui sont propres et me dit à demain.
La nuit sera compliquée mais c’est fait …
à suivre